Les poules reines du festival de clown, Juin 2018/Sud-Ouest

Samedi, le festival Clowns et C° de Saint-Cyprien a offert une soirée qui restera dans les mémoires. Elle a débuté avec un spectacle de Johanna Gallard, une clown funambule qui travaille avec des poules. La scène est de plain-pied, et les spectateurs sont juchés sur des gradins circulaires, symbolisant un poulailler. Après quelques acrobaties, un caquètement se fait entendre et on découvre une petite poule blanche qui pointe son bec. Bientôt se sont quatre poules : Ariane, Saqui, Isis et Malaga qui envahissent l’espace et exécutent de véritables numéros de cirque à leur échelle. C’est ainsi que Malaga dénoue les lacets des chaussures de sa maîtresse d’un coup de bec assuré.
Cela fait maintenant deux ans que Johanna Gallard, originaire de Seine-Saint-Denis, vit avec huit poules du côté de Beaumont-du-Périgord. On peut parler d’un vrai retour à la nature : elle vit, respire et dort avec ses gallinacées. L’artiste de la Compagnie Au Fil du Vent déplore que ces anciens oiseaux aient perdu la faculté de voler et, le temps du spectacle, elle leur permet de battre des ailes, leur donnant l’illusion de retrouver leur vraie nature. Le spectacle avec des animaux vivants remporte toujours un franc sucés.

Poésie et créativité
S’agissant des gallinacées, on peut parler de triomphe. Les spectateurs ont été saisis par la poésie, l’inventivité, la créativité de ces animaux familiers dont on comprend que nous ne les connaissons pas. On ne peut être qu’admiratif quand on sait que le spectacle prévu à l’origine ayant été annulé à la dernière minute, Johanna Gallard n’a disposé que de quelques heures pour mettre ses chères poules en condition, remplir son camion et monter le dispositif scénique. Les vedettes du soir ont bénéficié d’une sieste improvisée et ont assuré le spectacle récompensées par des vers de farine séchés, du comté et de la brioche. L’artiste a même réussi le tour de force d’inclure le papier toilette dans son numéro. D’abord utile pour éliminer les déjections inévitables, le rouleau de papier s’est transformé en accessoire de funambule. Tous les spectateurs étaient sous le charme et ont pressé Johanna de questions. Nul doute qu’ils vont considérer les poules avec un œil neuf.

Léa Sanchez