La démarche artistique
Poétique du vivant, toujours en quête d'équilibre...
Depuis plus de 20 ans, la Cie Au Fil du Vent œuvre au cœur des arts nouveaux du cirque et crée des spectacles pour tous les âges et pour tous les publics. Au croisement des chemins entre équilibre sur fil, théâtre gestuel, clown de théâtre et musique, ses dernières créations ont accueilli une équipe de gallinacés. La rencontre déterminante avec les poules, ces oiseaux de la terre drôles et touchants, a axé la recherche artistique vers le rapport à l’autre et à ses différences. Les spectacles interrogent la place de l’humain parmi les êtres vivants. L’écriture, qu’elle soit pour le geste, la musique ou les mots, est à la base de chaque processus de création.
« Nous avons toujours intégré dans les contraintes de création de pouvoir jouer les spectacles autant dans une petite salle polyvalente de village que sur une grande scène équipée. Ça fait vraiment partie des priorités de la compagnie d’aller à la rencontre de publics variés. De plus, nos spectacles sont pensés pour tous les âges, bien qu’on soit souvent catégorisé comme « spectacle jeune public ». On travaille sur plusieurs niveaux de lecture. »
Johanna Gallard
La nouvelle création « Etre vivant » est l’occasion pour Johanna Gallard de descendre du fil, de se détacher de l’agrès de cirque pour mieux développer le travail du clown, en équilibre sur son fil intérieur.
Après avoir passé 8 ans à Aubervilliers (93), la Cie s'est installée en Dordogne (24) en 2009 où elle a fait de "La grange de Nojals », un lieu de répétition, de recherche et de création, de transmission et d’échanges.
Elle a créé les spectacles « Voyages au fil du vent », « Territoires inimaginaires », « Escale médiévale », « Le Passefil », « Ballades enchantées », « La vie sur un fil », « Vents d'horizons », « Airs de jeu », « L’île sans nom », « De fil en lice », « L’Envol de la Fourmi », « Danse avec les poules ». Elle propose également des ateliers d’initiation et de formation.
La Cie a été en compagnonnage et est soutenue entre autres par l'Agora, Pôle National des Arts du Cirque de Boulazac. Elle reçoit notamment l’aide du Conseil Départemental de la Dordogne et du Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine.
Le travail de clown
« Voilà 5 années que le clown a pris une place prépondérante dans ma vie. 5 années à sillonner les routes de France avec les spectacles « L’Envol de la Fourmi » et « Danse avec les poules ».
Moi qui ai arpenté de long en large l’espace du fil pendant 30 ans, sans jamais en trouver le bout, la suite était finalement un chemin de traverse…Et j’ai découvert que nous pouvons être partout comme sur un fil…en étant clowne…dans une recherche d’équilibre et une fragilité permanente.
Et voilà 5 années de passées en compagnie de Fourmi, être sensible, délicate et maladroite, qui continue de me surprendre chaque jour. Continuer le voyage avec elle est devenu une évidence, tant elle m’amène là où je n’aurais jamais pensé aller et tant ses rencontres avec le public sont intenses et riches…Le langage du corps rempli de ses émotions reste son langage principal, mais une envie nouvelle a pris de plus en plus de place au point de devenir une nécessité : prendre la parole. Pour dire quoi ? Qu’y a-t-il de plus important que le silence ? Peu importe, on trouvera bien…car c’est surtout important de pouvoir dire.
Ce nouveau mode d’expression de l’être intérieur, qui part du vide pour aller vers l’autre, vers la lumière, lui ouvre en grand de nouvelles portes, ce dont elle est avide et curieuse (tout en étant très intimidée).
Les mots sont avant tout des sons et des sens dont on peut se jouer et ils parlent des préoccupations de chacun.e.s. Ils touchent au cœur et sont une façon de pouvoir affirmer des points de vues singuliers, de trouver sa place en dehors des chemins habituels. La langue est riche et complexe, et c’est un terrain de jeu infini.
C’est aussi la seule façon de pouvoir partager tout ce que les poules ont à nous dire elles aussi.
Car les poules font désormais complètement partie de la vie de Fourmi. Elles sont devenues inséparables, complices de chaque instant. Cette confiance mutuelle est précieuse et permet d’envisager cette nouvelle aventure tout en révélant de nouveaux aspects de cette collaboration artistique bien atypique.
J’ai ainsi décidé de me remettre de nouveau « en jeu » en tant qu’artiste, et de laisser parler cette petite voix à l’intérieur qui me crie chaque jour qu’elle veut continuer à vivre, avec un besoin urgent de pouvoir rire de tout et surtout de soi-même, au beau milieu de toutes les violences et de tous les troubles de notre société. A l’image de celui de l’être humain, le chemin du clown est infini, ardu et complexe, et je m’aventure aujourd’hui vers un nouvel inconnu, au bonheur des mots. Peut-être aussi pour soulager un peu les maux… »
Johanna Gallard
Des spectacles… Vivants !
« Accepter notre identité de vivant, renouer avec notre animalité pensée ni comme primalité à surmonter, ni comme sauvagerie plus pure, mais comme héritage riche à accueillir et à moduler, c’est accepter notre destin commun avec le reste des vivants. ». Baptiste Morizot dans Manières d’être vivant.
Travailler sur scène avec des poules, c’est interroger la place que l’on donne au vivant. Comment accueille-t-on l’animal qui est différent de nous, et quelle relation peut-on tisser avec lui ? Les spectacles de la compagnie Au fil du Vent sont une invitation à regarder les choses autrement. Les poules sont libres, personne ne les contraint ni ne les contrôle.
La clowne n’a pas de domination sur les poules et inversement. Chacune garde son libre-arbitre, et l’imprévu devient alors un cadeau de jeu : le but est de laisser le vivant s’épanouir sur le plateau. Dans la compagnie, on fait attention aux poules, et on fait aussi attention à l’humain. Les poules et l’artiste apprennent à cultiver leurs différences, et laissent la place aux maladresses, à l’imperfection.
« Je ne peux donc me résoudre à répondre à la question de savoir si les animaux sont des artistes, dans un sens proche ou éloigné du nôtre. […] Bêtes et hommes œuvrent ensemble. Et ils le font dans la grâce et la joie de l’œuvre à faire. Si je me laisse convoquer par ces termes, c’est parce que j’ai le sentiment qu’ils sont à même de nous rendre sensibles à cette grâce et à chaque événement qu’elle accomplit. N’est-ce pas finalement ce qui importe ? Accueillir des manières de dire, de décrire et de raconter qui nous font répondre de manière sensible à ces événements. ». Vinciane Despret dans Que diraient les animaux si… on leur posait les bonnes questions ?
La compagnie est régulièrement soutenue par l'Agora PNAC de Boulazac.