Le Canard enchainé, Jean-Luc Porquet / Etre vivant
" Dans les ateliers de l'Epée de Bois, Johanna Gallard a installé son lit de camp. Et, à deux pas, son poulailler. Avec une dizaine de poules, dont Ariane, la première qui l'a fascinée. Elles travaillent ensemble depuis onze ans. Johanna s'est liée d'amitié avec d'autres poules, Loulou, Grandes Papattes, Barbara... Elle monte ici (à partir d'un texte de François Cervantès) son cinquième spectacle avec elles.
Sur scène, une drôle de cabane de bois avec ouvertures et tiroirs à surprises. Johanna Gallard en sort habillée en clowne, avec le nez rouge de rigueur. L'une après l'autre, les poules entrent en scène. Elles ont quelque chose d'essentiel à nous dire : elles et nous sommes vivants. Elles ne sont pas que des trucs à manger. Nous ne sommes pas que des abonnés à TikTok. Alors vivons ensemble.
Même si les poules sautent, jouent les acrobates, courent, défont les lacets, ect., pas de dressage ici. Mais du jeu, un dialogue léger et drôle, du respect, une confiance mutuelle. Chaque poule a son caractère, toutes sont imprévisibles. Pour les prendre entre ses mains, la clowne a des gestes d'une délicatesse merveilleuse, qui dit tout. Les mots sont rares, ici. Pas besoin. "T'entends ? J'aime le silence, la musique, j'aime la vie." C'est formidable."
Jean-Luc Porquet, le Canard enchainé, 18 juin 2025