Visuel image, pierre Corcos / Etre vivant
"Acteur et metteur en scène, Olivier Perrier (né en 1940) avait beaucoup expérimenté, notamment avec la truie Bibi, l'étonnant pouvoir d'attraction et l'imprévisibilité des animaux sur scène. Sauf à être dressés comme dans les cirques, les animaux « collaborent » à un spectacle en y introduisant dans la partition des notes aléatoires et parfois dissonantes, dont la mise en scène peut tirer parti... Le spectacle de et interprété par Johanna Gallard, Être vivant - Paroles des oiseaux de la terre (c'était jusqu'au 29 juin au Théâtre de l'Épée de bois) permet à la clown Fourmi de jouer avec un certain nombre de poules (Ariane, Micro, Barbara, Loulou, Jeanne, etc.) de races différentes, à qui une marge de liberté est nécessairement concédée, au point qu'elles peuvent quitter la scène et s'approcher des spectateurs de tous âges. Dans les exercices d'habileté qui leur sont proposés, la réussite est applaudie bien sûr ; mais l'échec s'avère distrayant, comique : le spectacle y gagne à tous les coups. D'autant plus que l'apparition et le retrait de ces poules s'effectuent à partir d'une cabane de ferme aux portes multiples, sorte de boîte magique semblant elle aussi actionnée par les caprices d'un malin génie. Dès lors la surprise - avec la pointe d'anxiété résolue par le rire qui souvent la caractérise - parcourt le spectacle entier. Le texte de François Cervantès que dit Johanna, empreint d'une sensibilité écologique, animalière, est ponctué de gloussements, enregistrés ou en direct, mimant un dialogue entre la clown timide, interrogative, et des poules inquiètes, on le comprend, pour leur sort. Au temps des monstrueux élevages industriels de volaille, cet humble et charmant cirque, ô combien respectueux des animaux, nous invite à d'autres rapports avec les poules que l'instrumentalisation et la mort".
Pierre Corcos, blog Visuel Image, Juin 2025